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Les acteurs de la filière rassemblés par Man pour débattre de la décarbonation du transport
Pour marquer le lancement récent de son eTrucks et discuter « à 360° » de la décabonation du transport, Man France a organisé une sorte de convention entre de multiples acteurs du transport et de la logistique. Selon son patron, Jean-Yves Kerbrat, le mouvement global vers l'électrique implique un changement de paradigme qui englobe un écosystème : « On est obligés d'y aller tous ensemble : chargeurs, pouvoirs publics, transporteurs, constructeurs, énergéticiens ».
On retiendra le point de vue de Fabrice Bonnifet, président du Collège des directeurs du développement durable (C3D) et directeur développement durable chez Bouygues. Devant une assemblée de transporteurs, il a parlé de l'absolue nécessité de revoir notre consommation à la baisse et de réduire les usages superflus, donc le nombre de camions en circulation.
Il a insisté sur l'importance de la durabilité des produits et de leur réemploi, plutôt que leur capacité à être recyclés (le recyclage implique une réinjection de matière, synonyme de consommation et de perte). Un camion par exemple devrait selon lui être désormais conçu pour durer trois à quatre fois plus longtemps, avec la possibilité d'être réutilisé et rénové.
L'occasion pour Jean-Yves Kerbrat, le DG de Man France, de souligner que les camions électriques sont appelés à moins s'user, la durée de vie des batteries étant estimée entre 12 et 15 ans. Si les durées de détention des eTrucks peuvent ainsi s'allonger, les chargeurs pourraient selon lui apporter leur contribution et compenser le surcoût représenté en s'engageant sur de plus longs contrats avec leurs transporteurs.
Pour Fabrice Bonnifet, cependant, passer du tout thermique au tout électrique n'est pas une solution en soi. « On a dépassé les limites depuis longtemps. Si on n'opère pas un vrai virage, trois cinquièmes de la planète sera inhabitable d'ici la fin du siècle avec un réchauffement de 4 à 6 °C », affirme-t-il.
Nonobstant ces projections très pragmatiques de Fabrice Bonnifet, la conférence organisée par Man était bien destinée à n'envisager que la piste du tout électrique à long terme et c'est bien cette perspective qui a continuée à être débattue. Si, comme le projette Man, un camion sur deux vendu en Europe en 2030 sera électrique, cela devrait entraîner une surconsommation à laquelle « le système pourra faire face, à conditon d'anticiper », estime Izivia, filiale mobilité électrique d'EDF.
Le directeur mobilité Électrique d'Enedis a affirmé de son côté qu'il n'y aura « aucun obstacle technique à amener l'électricité là où elle est nécessaire », et que cela ne risquerait pas de saturer le réseau de fourniture d'électricité.
Pour optimiser les temps de charge, il va vite falloir passer sur des bornes de recharge rapide, soit un investissement de 80 000 euros, plus le même montant pour le poste de transformation (au lieu de 5 à 7 000 euros pour une borne standard de 22 kW). Une aide de 25 000 euros peut être accordée pour une borne rapide, rappelle Izivia, qui estime le temps nécessaire d'installation à neuf mois, voire un an.
TotalEnergies propose des solutions de recharge complètes, de la mise à disposition d'une infrastructure de recharge fiable jusqu'à la gestion optimisée du contrat de fourniture d'électricité. Izivia propose de son côté une offre clé en main comprenant l'installation des bornes, leur mise en service et un contrat d'exploitation et maintenance.
Le smart charging a été mis en avant par Izivia comme une façon d'alléger la note d'électricité de 30 à 50%. Cela consiste en un pilotage intelligent de charge qui permet de recharger le camion au dépôt aux moments où le kWh est au prix le plus bas. La grande contrainte étant de garder le PL stationné au moins neuf à dix heures.
Sur la question du financement, l'enveloppe dédiée à l'appel à projet 2024 a certes été gonflée à 130 millions d'euros, mais d'une part cela reste relativement modeste, d'autre part cette méthode d'attribution des fonds en fonction de la note attribuée au projet déposé est très critiquée par les transporteurs pour sa complexité. 70% de la note porte sur l'euro investi par tonne de CO2 évitée. Cette enveloppe devrait permettre d'aider au financement de 2 000 camions électriques cette année (si on se base sur les 1000 financés cette année avec un moindre budget), à raison de 150 000 eurow maxi pour un tracteur.
Marie Defrance, adjointe déléguée à la présidence de la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle, a précisé que le mécanisme de suramortissement est prolongé jusqu'au 31 décembre 2030 et peut représenter 10 % du prix du camion par une baisse de l'impôt sur les sociétés, étalée sur la durée d'amortissement. - MF
Pour marquer le lancement récent de son eTrucks et discuter « à 360° » de la décabonation du transport, Man France a organisé une sorte de convention entre de multiples acteurs du transport et de la logistique. Selon son patron, Jean-Yves Kerbrat, le mouvement global vers l'électrique implique un changement de paradigme qui englobe un écosystème : « On est obligés d'y aller tous ensemble : chargeurs, pouvoirs publics, transporteurs, constructeurs, énergéticiens ».
On retiendra le point de vue de Fabrice Bonnifet, président du Collège des directeurs du développement durable (C3D) et directeur développement durable chez Bouygues. Devant une assemblée de transporteurs, il a parlé de l'absolue nécessité de revoir notre consommation à la baisse et de réduire les usages superflus, donc le nombre de camions en circulation.
Il a insisté sur l'importance de la durabilité des produits et de leur réemploi, plutôt que leur capacité à être recyclés (le recyclage implique une réinjection de matière, synonyme de consommation et de perte). Un camion par exemple devrait selon lui être désormais conçu pour durer trois à quatre fois plus longtemps, avec la possibilité d'être réutilisé et rénové.
L'occasion pour Jean-Yves Kerbrat, le DG de Man France, de souligner que les camions électriques sont appelés à moins s'user, la durée de vie des batteries étant estimée entre 12 et 15 ans. Si les durées de détention des eTrucks peuvent ainsi s'allonger, les chargeurs pourraient selon lui apporter leur contribution et compenser le surcoût représenté en s'engageant sur de plus longs contrats avec leurs transporteurs.
Pour Fabrice Bonnifet, cependant, passer du tout thermique au tout électrique n'est pas une solution en soi. « On a dépassé les limites depuis longtemps. Si on n'opère pas un vrai virage, trois cinquièmes de la planète sera inhabitable d'ici la fin du siècle avec un réchauffement de 4 à 6 °C », affirme-t-il.
Nonobstant ces projections très pragmatiques de Fabrice Bonnifet, la conférence organisée par Man était bien destinée à n'envisager que la piste du tout électrique à long terme et c'est bien cette perspective qui a continuée à être débattue. Si, comme le projette Man, un camion sur deux vendu en Europe en 2030 sera électrique, cela devrait entraîner une surconsommation à laquelle « le système pourra faire face, à conditon d'anticiper », estime Izivia, filiale mobilité électrique d'EDF.
Le directeur mobilité Électrique d'Enedis a affirmé de son côté qu'il n'y aura « aucun obstacle technique à amener l'électricité là où elle est nécessaire », et que cela ne risquerait pas de saturer le réseau de fourniture d'électricité.
Pour optimiser les temps de charge, il va vite falloir passer sur des bornes de recharge rapide, soit un investissement de 80 000 euros, plus le même montant pour le poste de transformation (au lieu de 5 à 7 000 euros pour une borne standard de 22 kW). Une aide de 25 000 euros peut être accordée pour une borne rapide, rappelle Izivia, qui estime le temps nécessaire d'installation à neuf mois, voire un an.
TotalEnergies propose des solutions de recharge complètes, de la mise à disposition d'une infrastructure de recharge fiable jusqu'à la gestion optimisée du contrat de fourniture d'électricité. Izivia propose de son côté une offre clé en main comprenant l'installation des bornes, leur mise en service et un contrat d'exploitation et maintenance.
Le smart charging a été mis en avant par Izivia comme une façon d'alléger la note d'électricité de 30 à 50%. Cela consiste en un pilotage intelligent de charge qui permet de recharger le camion au dépôt aux moments où le kWh est au prix le plus bas. La grande contrainte étant de garder le PL stationné au moins neuf à dix heures.
Sur la question du financement, l'enveloppe dédiée à l'appel à projet 2024 a certes été gonflée à 130 millions d'euros, mais d'une part cela reste relativement modeste, d'autre part cette méthode d'attribution des fonds en fonction de la note attribuée au projet déposé est très critiquée par les transporteurs pour sa complexité. 70% de la note porte sur l'euro investi par tonne de CO2 évitée. Cette enveloppe devrait permettre d'aider au financement de 2 000 camions électriques cette année (si on se base sur les 1000 financés cette année avec un moindre budget), à raison de 150 000 eurow maxi pour un tracteur.
Marie Defrance, adjointe déléguée à la présidence de la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle, a précisé que le mécanisme de suramortissement est prolongé jusqu'au 31 décembre 2030 et peut représenter 10 % du prix du camion par une baisse de l'impôt sur les sociétés, étalée sur la durée d'amortissement. - MF
Le lancement de l'eTruck de Man a donné au constructeur l'idée de rassembler tous les acteurs de la filière pour envisager l'avenir. (photos Fréor)
Selon le président de Man France, Jean-Yves Kerbrat, le mouvement global vers l'électrique implique un changement de paradigme qui englobe les chargeurs, les pouvoirs publics, les transporteurs, les constructeurs, les énergéticiens...
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